Le petit Michel Pagel ? Oh, ben j’ai fait sa connaissance à la Convention nationale de SF qui se tenait en 1981 à Bordeaux. Voila déjà quelques années qu’il avait commencé à publier des nouvelles dans des fanzines comme Espace Temps
Premier roman au Fleuve Noir Anticipation en 1984, Demain matin au chant du tueur et voila que notre Michel publie presque non stop au Fleuve pendant près de quinze ans.
SF (une magnifique et futée variation sur le voyage temporel, L’Equilibre des paradoxes lui vaut les Prix Julia Verlanger et Rosny Aîné en 2000 et est fort justement rééditée plus tard chez Denoël Lunes d’Encre), Fantastique (un beau cycle, La Comédie inhumaine), Fantasy (Les Flammes de la nuit, lui aussi réédité, retravaillé en profondeur, chez Denoël Lunes d’Encre, puis, plus récemment chez Les Moutons électriques en version numérique).
Ce ne sont que quelques exemples d’une production éclectique dans tous nos mauvais genres de prédilection que le Pagel aime à l’occasion fusionner, où il peut aussi volontiers jouer avec les clichés et les détourner pour des aventures loufoques et jouissives (Pour une poignée d’helix pomatias et Le cimetière des astronefs, réunis par le Bélial en 2003 sous le titre Les Escargots se cachent pour mourir).
Et en image à la une (encore une photo de Fabienne Rose), j’étais fière comme un p’tit banc de remettre au Michel son Grand Prix de l’Imaginaire pour son roman Le Roi d’août aux Utopiales en 2003. Une Fantasy historique solidement documentée évoquant les zones d’ombre du règne de Philippe Auguste.
Le Pagel traduit aussi, et pas des moindres. Un autre Grand Prix de l’Imaginaire l’a couronné en 2000 pour ses traductions de La Paix éternelle de Joe Hademan et de L’Intercepteur de cauchemars de Graham Joyce.
Si vous voulez voir un auteur de SF sur les planches guettez les représentations de la .Compagnie Graine de Théâtre de Cahuzac sur Vère. J’ai pu assister à une représentation où Michel et ses potes d’une autre compagnie jouaient Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac. Beau jeu et beaux mollets le Pagel !
La biblio du Michel sur nooSFère
Voyons, voyons… A quelle veine pourrait bien donc appartenir ce texticule que notre Petit Page, qui a bien grandi, dépose sur notre Mille-Feuilles ? Je vous laisse juger. Merci l’Ami !
Erreur d’appréciation
L’être était humanoïde et ses vêtements le disaient intelligent. Sans doute appartenait-il à l’espèce dominante de la planète.
Pas de chance, mon vaisseau l’avait décapité en atterrissant au milieu d’une clairière, dans un bois proche d’une ville. J’avais pris toutes les précautions, contourné l’agglomération de loin, branché mon écran d’invisibilité, mes antiradars… et voilà que, par pure inattention, je tuais un autochtone. On peut rêver meilleure prise de contact avec un monde inconnu.
L’incident, toutefois, allait me servir. J’ai posé la main à plat sur la poitrine du mort et laissé les capteurs digitaux de ma combinaison transmettre à l’ordinateur les données qui m’étaient nécessaires. Si j’avais pu survivre dans l’atmosphère locale, il m’aurait suffi de le toucher à main nue pour les obtenir, mais la méthode artificielle serait aussi efficace. Je me suis transformé dès qu’elles ont été en ma possession, prenant dans les moindres détails l’apparence de ma victime. Désormais adapté, j’ai ôté ma combinaison et l’ai remplacée par la tenue indigène : des espèces de chausses grises, des bottes pointues et une chemise rouge boutonnée dans le dos, qui m’a donné toutes les peines du monde ; mes nouveaux doigts me paraissaient malhabiles.
Ayant fait disparaître le cadavre dans l’incinérateur du vaisseau, j’ai chassé cette malheureuse affaire de mes pensées et, tels des milliers d’explorateurs avant moi, je suis parti à la découverte de ce monde nouveau.
J’ai gagné la ville d’un pas décontracté, sûr de n’attirer aucune attention : quand j’emploie ma capacité naturelle d’imitation, j’adopte d’instinct la démarche appropriée.
Je ne m’attendais vraiment pas à la panique générale que j’ai provoquée.
Article paru dans La Dépêche du Midi le 14/10/2014
LA FIN D’UN CAUCHEMAR
(…) pris de folie pour une raison inconnue, il s’était évadé vers vingt-et-une heures hier soir, non sans avoir tué deux personnes et en avoir gravement blessé huit autres. C’est à onze heures ce matin qu’il a déboulé sur la place de B. (Haute Garonne), alors que le marché battait son plein, inspirant une terreur bien compréhensible aux commerçants et aux clients. Par chance, les policiers qui se trouvaient là ont gardé leur sang-froid et abattu le monstre avant qu’il ne fasse d’autres victimes. La population peut donc respirer : le fameux « gorille habillé » du Cirque Onscryt ne sévira plus.