Sélection manga 2015 : la liste d’Hugo

Bonne exégèse en 2016 (oui, on fait des rimes complexes à Bédéciné) !

Mes camarades comicesques ayant marqué le coup du passage à la nouvelle année avec une rétrospective de meilleurs titres parus sur celle-ci, je me suis dit qu’il était temps de balancer celle du rayon manga qui aura vu pas mal de séries se terminer (Claymore, Nozokiana, City Hall, etc.).

Ici pas de brainstorming compliqué ou de vote démocratique, les titres sélectionnés de 2015 ont reçu le label « Poyo quality » à l’unanimité de moi-même et de mes multiples personnalités. L’actualité étant ce qu’elle est, on y retrouve des sujets assez durs, preuve que le manga élargit son horizon en abordant des thématiques de plus en plus complexes et critiques.

Histoire d’essayer de vous redonner le sourire, on va commencer par les titres les plus bruts de décoffrage qui vous feront gentiment déprimer avant de finir sur des notes un peu plus légères qui redonnent le sourire.

Poison city, TETSUYA Tsutsui :

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« Tokyo, 2019. À mois d’un an de l’ouverture des Jeux Olympiques, le Japon est bien décidé à faire
place nette avant de recevoir les athlètes du monde entier. Une vague de puritanisme exacerbé
s’abat dans tout le pays, cristallisée par la multiplication de mouvements autoproclamés de vigilance citoyenne. Littérature, cinéma, jeu vidéo, bande dessinée : aucun mode d’expression n’est épargné. C’est dans ce climat suffocant que Mikio Hibino, jeune auteur de 32 ans, se lance un peu naïvement dans la publication d’un manga d’horreur ultra réaliste, Dark Walker. Une démarche aux conséquences funestes qui va précipiter l’auteur et son éditeur dans l’œil du cyclone… »
Un diptyque d’anticipation très percutant sur le thème de la censure. Tsutsui nous livre ici une œuvre sociale dont le réalisme et le puritanisme se rapprochent dangereusement de notre société. Un manga visionnaire !

Double Je, MOMOCHI Reiko :

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« Nobara et Kotori sont des sœurs jumelles que tout oppose. La première est plutôt espiègle, la seconde une fille sage. Mais deux terribles drames vont venir bouleverser leurs vies… Surtout de l’une d’entre elle ! Comment faire face à la mort d’un être cher ? Au manque d’amour ? À l’injustice et à la culpabilité ? Faut-il renoncer à son propre bonheur pour se construire un avenir dans une société trop cruelle ? La route sera longue, torturée et tumultueuse, mais au bout du chemin demeure un espoir : celui du pardon… et surtout d’une vie meilleure. »
En 5 tomes, Momochi nous propose un shojo très dur hors des sentiers battus qui flirte entre drame psychologique et polar.

La fille de la plage, INIO Asano :

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« Dans une petite ville au bord de la mer, Koume vit une déception amoureuse et se rabat par dépit sur Isobe, dont les sentiments pour elle semblent plus sincères. À moins que ce ne soit l’inverse ? Inio Asano adopte une approche narrative à l’opposé de celle de Bonne nuit Punpun, pourtant écrit à la même période. Délaissant les longs monologues-défouloirs qui lui permettaient d’exprimer ses propres réflexions sur le monde, il laisse ici la parole à ses personnages pour en saisir toute la complexité. L’école, la maison, les copains, Internet… autant de cercles où Koume et Isobe jonglent avec les codes et les apparences tout en s’interrogeant sur leur propre identité. »
Asano nous parle sans tabou de la sexualité, sujet-clef pour nombre d’adolescents et qui symbolise souvent un passage à l’age adulte. Ici, les personnages font l’amour pour se découvrir ou pour comprendre ce qu’est l’amour en une chronique réaliste de l’indécision adolescente.

Last hero Inuyashiki, OKU Hiroya :

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« À 58 ans, Ichiro Inuyashiki est loin d’être un modèle pour ses enfants. Vieux avant l’âge, méprisé de tous, il a vécu toute sa vie en employé de bureau minable et n’a pour toute amie que sa chienne Hanako. Comme si cela ne suffisait pas, on lui diagnostique un cancer en phase terminale lors d’un examen de routine… C’en est trop pour le pauvre vieillard. Alors qu’il pleure de désespoir dans un parc en pleine nuit, une lumière aveuglante apparaît… et c’est l’impact !
À son réveil, étendu dans l’herbe, Inuyashiki n’est plus le même. Il a été transformé en cyborg surpuissant, libre de faire ce qu’il veut de ses nouveaux pouvoirs, le meilleur comme le pire. Et il n’est pas le seul dans ce cas… »
A l’instar d’un One-punch Man, nous faisons connaissance avec un super-héros iconoclaste bien loin des archétypes habituels. Peu à l’aise avec les technologies, timoré, hésitant… notre héros ne croule pas vraiment sous les qualités. Et de toute façon, « grand pouvoir » ne rime pas forcément avec « grandes responsabilités »…

The Ancient magus bride, YAMAZAKI Kore :

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« Chisé Hatori a 15 ans. Elle n’a ni famille, ni talent particulier, ni aucun espoir dans la vie. Un jour, elle est vendue à un sorcier, un non-humain dont l’existence remonte à la nuit des temps… Il la prend sous son aile pour faire d’elle sa disciple et lui annonce qu’à terme, elle deviendra son épouse. Alors, les aiguilles qui semblaient à tout jamais figées dans son cœur se mettent à tourner de nouveau, petit à petit… »
Mélangeant plusieurs éléments du folklore et de la mythologie, l’auteur crée un univers très riche ou se côtoient sorcières, dragons, esprits et fées. Le soin apporté à l’histoire et au dessin en font une œuvre apaisante qui tranche radicalement avec le genre fantastique et ses histoires parfois trop conventionnelles.

Demokratia, MOTORO Mase :

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« Fruit de l’émulation entre Taku Maezawa, élève en ingénierie et Hisashi Iguma, spécialiste en robotique, le concept de « Demokratía » semble révolutionnaire : 3000 personnes, recrutées au hasard sur le web, décideront à la majorité via un réseau social des faits et gestes de Maï. Ce robot d’apparence féminine pourrait ainsi devenir le creuset d’un savoir collectif, la convergence de 3 000 intelligences… Mais l’expérience pourrait aussi révéler qu’à l’épreuve du monde réel, démocratie n’est pas toujours synonyme de raison… »
Une réflexion sur notre usage des réseaux sociaux et une interrogation sur les forces et les faiblesses de la démocratie, l’auteur d’Ikigami n’hésite pas à nous faire réfléchir une fois encore sur le monde qui nous entoure. Le choix de la majorité est-il toujours le meilleur ?

A silent voice, OIMA Yoshitoki :

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« Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule.
Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe. Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible. »
Coup de cœur général de toute l’équipe, A silent voice réussit à aborder le sujet du handicap et du harcèlement de manière très juste et touchante. Le personnage de Shoya est de plus bien travaillé de par l’insouciance du personnage qui finira par se retourner contre lui pour le faire changer. Un manga qui devrait être obligatoire de la primaire jusqu’au lycée.

Bestiarius, KAKIZAKI Masasumi :

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« Ier siècle après Jésus-Christ, l’Empire romain est à son apogée et ses légions soumettent une à une les dernières contrées où monstres et humains vivent encore en paix. Criminels, innocents, orphelins, demi-humains, wyvernes… Tous constituent les rangs d’esclaves guerriers jetés dans l’arène et forcés de s’entretuer pour divertir l’empereur Domitien et les Romains avides de sang. Parmi ces combattants se trouvent des gladiateurs qui affrontent fauves et créatures légendaires : on les appelle les “Bestiari”. Or, certains d’entre eux, comme Finn ou Zénon, ont été élevés aux côtés de ceux qui, aux yeux de Rome, ne sont que de simples bêtes, et ils comptent bien retourner leurs armes contre leurs geôliers… et même contre l’Empire tout entier ! »
Chaque arc de personnage de Bestiarius se veut comme le chapitre d’une chanson de geste ou le héros crée son propre mythe. Fortement inspiré de personnages historiques ou fictionnels, Kakizaki nous offre une nouvelle définition du mot « épique » ou les guerriers les plus valeureux affrontent les plus féroces monstres de la mythologie, le tout servi par un dessin magnifique !

Radiant, Tony Valente :

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« Seth est un aspirant sorcier de la région des Pompo Hills. Comme tous les sorciers, c’est un « infecté » : un des rares êtres vivants ayant survécu au contact des Némésis, ces créatures tombées du ciel qui contaminent et déciment tous ceux qu’ils touchent. Son apparente immunité lui a fait choisir une voie qui lui semblait toute désignée : devenir Chasseur et combattre les Némésis. Mais plus que ça, Seth souhaite s’engager dans une quête qui dépasse la simple chasse aux monstres… Il veut trouver le Radiant, leur berceau présumé.
Entouré d’une faction de sorciers, il parcourt le monde à la recherche du Radiant, sous l’œil terrible de l’Inquisition… »
Premier manga français à être adapté au Japon, Radiant se situe plusieurs niveaux au-dessus du paysage manga traditionnel en traitant de problématiques plus matures (immigration, racisme, remise en question, etc.) que ce qu’on a l’habitude de voir. Le tome 4 de cette année est un des shonen les plus réussis qui soient sortis.

Sakamoto pour vous servir, SANO Nami :

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« Sakamoto est un élève de seconde pas comme les autres… c’est un véritable homme avec une classe incarnée, et c’est le moins que l’on puisse dire.
Élève modèle et appliqué, avec son comportement décalé et distingué, ses connaissances hors du commun, son air stoïque, son dévouement sans limite, son aplomb formidable et allure incroyable, ce lycéen hors du commun a plus d’un tour dans son sac.
Alors que toutes les filles de l’école en sont raides dingues, la plupart des garçons font tout pour l’humilier… Mais c’est en vain car Sakamoto se sort de toutes les situations avec brio tout en provoquant chez vous de multiples fou-rires ! »
Alliant un second degré permanent à un comique de répétition et un bon sens de l’absurde, Sakamoto est un petit bijou d’humour qui est un des rares à m’avoir fait éclater de rire cette année. Qu’il faille combattre un frelon avec un compas, éteindre un incendie avec classe ou se débarrasser d’un voyou avec une paille, Sakamoto est l’homme de toutes les situations.

Certains pourraient arguer que certaines de ces sorties ont commencé avant 2015 mais je leur rétorquerais que c’était le temps de leur laisser dévoiler leur potentiel ! Bien entendu, nous aurons aussi une foultitude d’ouvrages intéressants qui vont sortir l’année prochaine (One-punch Man, Tokyo Ghoul:re, Booksterz, etc.) mais pour avoir une petite idée de la sélection il vous faudra attendre que j’aie lu tout ça !

 

Hugo Poyo

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