Prologue de Christophe Nicolas

Le petit Christophe Nicolas (oui le grand chevelu barbu, là) a publié une belle poignée de nouvelles d’inspiration fantastique aux éditions de l’Oxymore et du Riez, dans la revue Elegy, depuis le début des années 2000. Après un long séjour à Barcelone il vit actuellement à Toulouse où il partage son temps entre la musique (il est le guitariste du groupe de rock Darwin Errata),  l’écriture, et, n’oublions pas, sa Douce Dora, son inspiratrice de toujours et mon Exploratrice Chercheuse Préférée.

Deux romans ont depuis été édités aux éditions du Riez  : Un Autre (thriller fantastique, 2010) et Projet Harmonie (thriller d’anticipation, 2012). dans lesquels Môssieur fait preuve d’une grande maîtrise du suspense, du rythme et de l’action.
Bientôt en poche chez Pocket !

  Christophe

Sa biblio sur nooSFere.

Christophe disait en 2013, répondant à Du bruit dans les oreilles, de la poussière dans les yeux, qu’il souffrait d’un certain blocage pour se remettre au format nouvelle. Réjouissons-nous qu’il ait dépassé ce stade puisqu’il nous offre là un prologue bédécinéien à son premier roman… Merci mon grand.

Prologue

     Depuis que sa dette avait été rachetée par le Pendu, Sam n’était pas tranquille. Car de l’argent, il en devait beaucoup, et le bonhomme qui se faisait appeler JB – pour Josef Basso –, mais que tout le monde avait surnommé un temps la Potence, n’était pas réputé pour sa patience, ni pour la finesse de ses méthodes. Et comme Sam n’avait rien à offrir, à part le billet de cinquante plié dans sa poche, il préféra s’enfuir lorsqu’il tomba nez à nez avec Mario et Paul, les hommes de confiance du Pendu – anciennement la Potence et plus exceptionnellement JB.

La foule compacte des samedis l’aurait avalé en un instant, le soustrayant à la vue de ses poursuivants, mais les rues piétonnes de Toulouse étaient clairsemées en ce jour de semaine. Aussi, Sam était sûr que les hommes à ses trousses le virent s’engouffrer dans l’étroite rue Mirepoix.

Il avisa la porte d’une librairie, sur sa droite, qu’il poussa des deux mains.
Une pièce exiguë entre deux couloirs, des étagères contre chaque mur, des livres serrés sur les rayonnages, et d’autres empilés sur une table centrale. Derrière un comptoir, une dame aux lunettes rondes discutait avec un client d’une trentaine d’années :
— Tu devrais écrire un roman, mon Yanounet. Ça se vend mieux que les essais politiques.
— J’espère que tu as du stock, répondit le client, parce que demain, je passe à la télé ! Débat Direct, tu connais ? C’est sur le câble.

Sam s’enfonça dans la boutique pour fuir la porte vitrée. Il fit mine de s’intéresser au rayon fantastique/horreur en gardant un œil sur la rue.
— Alors, mon lapinou ? On aime les sensations fortes ?
Sam comprit qu’on s’adressait à lui et se tourna vers la dame aux lunettes rondes. Celle-ci avait abandonné son comptoir. Elle venait à sa rencontre.
— Un conseil ? proposa-t-elle.
Sam jeta un nouveau coup d’œil vers la rue.
— Euh… non. Peut-être…
Le client lui offrit un sourire malicieux :
— Vous êtes foutu !
Sam ne put s’empêcher de penser aux hommes du Pendu qui rôdaient au-dehors.

Une heure plus tard, il sortit de la librairie et rejoignit la rue Romiguière en sifflotant. Un sac aux couleurs de l’enseigne se balançait au bout de son bras. À l’intérieur du sac – qu’on appelait ici « poche », comme celle de son pantalon délestée du billet de cinquante –, il y avait trois livres : un exemplaire de Publi-reportage, un essai sur les médias que le client dit Yanounet* s’était empressé de lui dédicacer ; un roman de Jean-Claude Dunyach ; et un thriller fantastique, chaudement recommandé par la dame aux lunettes rondes**. C’était étrange. Le héros de ce livre portait le même nom que lui…

— C’est notre gars, dit Paul en désignant d’un geste discret l’homme qui descendait la rue.
Mario hocha la tête.
— On le suit. On voit où il habite et on revient cette nuit.
— Ouais ! Ça lui fera passer l’envie de dépenser notre pognon pour des bouquins !

À suivre dans Un Autre (éd. Du Riez)…

—–
* : retrouvez Yannick Diaz dans Projet Harmonie (éd. du Riez) ;
** : retrouvez Cathy à la librairie Bédéciné.

harmonie

A propos de Sylvie

Gérante de la Librairie Bédéciné

Une réponse à “Prologue de Christophe Nicolas”

  1. Rétroliens : Nouveautés Mars 2016 au Rayon SF & Cie II – Librairie Bédéciné

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