Les Nouveautés du Nouvel An au Rayon SF… ben dis donc, il était temps…

Ben oui, chers Poussinettes et Poussinets, tout finit par revenir, le Nouvel An (qu’on vous souhaite mirobolant avec un tombereau de lectures réjouissantes et affriolantes à la clé) et les petits bouts de chroniques pour vous faire part des arrivages tout frais à l’étal Littératures de l’Imaginaire.

moi lucifer

Glen DUNCAN – Moi, Lucifer – Gallimard – coll. Folio SF – Trad. Michelle Charrier
Genre : Fantastique et humour cynique de bon aloi
9782070456208 – 7€70

L‘Archange Gabriel propose au Diable, au nom du Grand Architecte, de passer un mois dans le corps d’un humain en lui faisant miroiter la possibilité d’une rédemption et sa réintégration parmi les anges si pendant cette période il parvient à ne pas offenser Dieu. Lucifer décide de profiter de l’expérience et de s’amuser avec le corps de l’homme qu’on lui attribue. Seulement l’individu en question, qu’il intègre au moment de son suicide, est un écrivain minable au physique banal. Ses débordements à la suite de son unique succès littéraire lui ont fait perdre le seul et unique amour de sa vie. Et son actuelle petite amie n’a qu’une idée en tête : profiter de ses contacts présumés avec le monde du cinéma pour se faire une carrière. Lucifer décide de profiter de ses «vacances» pour écrire son autobiographie. Parce que si Fiston (entendez Jésus) a eu son best-seller, il n’y a pas de raison que lui passe à côté d’un même succès planétaire… Donc pas vraiment bien loti par le physique et le cadre de vie de l’écrivaillon, Lucifer n’imaginait sûrement pas un environnement aussi peu reluisant pour son séjour. Mais fourbe de nature, évidemment, il va changer les règles initiales qu’il ne peut suivre. Profitant des fonds inépuisables des enfers il va redorer un peu le cadre de vie de son incarnation et s’acoquiner avec le milieu du cinéma parce que, notre époque aidant, son autobiographie mérite bien une version cinématographique.

 Et nous voilà parti pour 300 pages d’un grand délire d’ange déchu en pleine réflexion décousue sur son parcours, sa place aux côtés de Papy (entendez Dieu), sa chute, son emprise sur les maux humains et la perversion naturelle de cette humanité qu’il adore et méprise à la fois, son combat permanent pour remporter un maximum d’âmes face au Fiston, à Papy et au Saint-Esprit.

Le roman va constamment osciller entre la mythologie biblique et la description désabusée de notre société contemporaine occidentale, en passant par quelques épisodes marquants de l’histoire de l’humanité. Et avec une ironie mordante Glen DUNCAN remet en cause les fondements de la religion chrétienne.

Mais ce n’est pas le vrai propos du livre. La vraie cible, c’est l’homme, source de ses propres maux. A travers le comportement du Diable dans la peau de ce pauvre écrivain paumé, l’auteur s’attaque à toutes les strates de la société. Il met l’accent sur un monde où le paraître, la performance et l’individualisme sont normatifs, et dénonce de façon virulante tout particulièrement le monde du show-business.

Sans vraiment amorcer sa rédemption Lucifer semble pourtant peu à peu évoluer vers quelque chose d’un peu plus proche de nous. Mais le Diable reste le Diable…

Un roman provoc, iconoclaste, qui risque fort de perturber les lecteurs qui n’aiment pas que l’on traite des sujets aussi sérieux avec une telle ironie et un tel sarcasme. C’est assurément le but recherché par l’auteur. Mais l’humour, très noir, est là pour contrebalancer les effets

Citation :
(au sujet du nombre de personnes envoyé en enfer)
«Jamais je n’aurais pensé atteindre les quatre-vingts pour cent. franchement. On ne parlait que de ça en Enfer, vous pensez bien, on trouvait ce résultat fantastique – « huit sur dix. Compris ? Je n’accepterai pas moins. Il faut travailler la terre, mes petits, et travailler dur… ».
Mais honnêtement, je me serais contenté de cinquante pour cent. Merde, quoi, je me serais estimé heureux avec vingt pour cent. C’était ça mon ambition. Deux sur dix.
Ça aurait suffi à contrarier Papy. Vu les chiffres aujourd’hui, il doit être carrément fumasse.»

 huit honorables magiciens

Barry HUGHART – Huit honorables magiciens – Une aventure de Maître Li et Boeuf Numéro Dix T3 – Gallimard – coll. Folio SF – Trad. Patrick Marcel
Genre : Fantasy polardeuse subtilement humoristique
9782070450978 – 7€90

Petit rappel des tomes précédents :

magnificence des oiseaux

Barry HUGHART – La Magnificence des oiseaux – Une aventure de Maître Li et Boeuf Numéro Dix T1 – Gallimard – coll. Folio SF – Trad. Patrick Marcel
Genre : Fantasy polardeuse subtilement humoristique
9782070450954 – 7€90

legende de la pierre

Barry HUGHART -La légende de la Pierre – Une aventure de Maître Li et Boeuf Numéro Dix T2 – Gallimard – coll. Folio SF – Trad. Patrick Marcel
Genre : Fantasy polardeuse subtilement humoristique
9782070450961 – 8€40

Mais que voilà encore une série délicieuse ! Entre le Juge Ti de VAN GULICK (pour les enquêtes policières en Chine ancienne, mais ici, imaginaire, siège d’évènements surnaturels et creuset de créatures du même tonneau) et les Annales du Disque-Monde de Terry PRATCHETT (pour son humour à la fois subtil et ravageur). Excellemment traduit par le kamarade Patrick Marcel qui n’a pas non plus l’humour dans sa poche.

baiser du rasoir

Daniel POLANSKY – Le baiser du rasoir – Basse-Fosse T1 –  Gallimard – coll. Folio SF – Trad. Patrick Marcel
Genre : Fantasy/Polar
9782070449231 – 8€40
Prix Imaginales 2012
Belle alliance de Dark Fantasy et de bon vieux polar « hard-boiled » des familles.

portes du paradis

Melissa  de la CRUZ – Les Portes du Paradis – Les Vampires de Manhattan T7 –  Le Livre de poche Jeunesse – Trad. Valérie Le Plouhinec
Genre : Bit-Lit jeunes adultes
9782013239592 – 6€90

A propos de Sylvie

Gérante de la Librairie Bédéciné

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